Comment cela se passe ?
La rencontre
Une première rencontre, sans engagement, est prévue afin de prendre connaissance des demandes et des modalités (une clause de confidentialité est incluse dans le contrat). À cette occasion, je vous propose de choisir entre trois versions. Une première, dite simple, si vous désirez conter une histoire et la retrouver couchée sur le papier. Une deuxième, dite élaborée, si vous désirez raconter une histoire et l'enrichir d'archives. Une troisième, dite augmentée, si vous désirez en supplément à votre histoire une approche socio-historique. À côté de cela, nous décidons d'un premier agenda, sur plusieurs mois, voire une année.
Le déroulement
Le début de la collaboration, à mon bureau ou chez vous, commence par un échange enregistré durant lequel je délie l'histoire en vous posant des questions ciblées et en respectant vos attentes. Une semaine plus tard, je vous envoie notre échange transcrit et réécrit. C'est l'occasion pour vous de reprendre certains passages et de prendre connaissance de ce dont vous voulez parler à la séance suivante. Ainsi, au fur et à mesure, nous construisions le premier jet.
Le final
Une fois que vous désirez arrêter les séances, je commence le travail de finalisation qui peut durer, par exemple, trois à cinq mois pour un livre au format A5 de cent pages. J'insère les images que vous désirez voir dans votre écrit. Commence alors la phase la plus complexe de la production, la mise en forme écrite. Achevée, l'épreuve vous est envoyée afin que vous la corrigiez et la validiez. Ceci fait, je révise et met en page afin que le livre porte une très claire qualité tant esthétique qu'expressive.
L'impression
Ce service est à vos frais. Je vous propose deux imprimeurs et trois factures de livre, d'une simple à une plus élaborée. Bien sûr, vos demandes peuvent aller au-delà de cela, en rencontrant l'imprimeur.
Edition privée, 2016, extrait sur l'industrie cotonnière au milieu du XIXe.
[...] Parmi les employés, on trouve des manœuvres, des graveurs et des imprimeurs. Dans la filature, un vaste atelier lumineux mais souffrant de la chaleur, on peut apercevoir des hommes, des femmes et des enfants entourés d'un épais duvet, aggloméré sur le sol, attaché à leurs vêtements et cheveux. Les rattacheurs, bobineurs, balayeurs, toujours des enfants, s'affairent aux petites tâches. Ils surveillent les fils, rattachent ceux qui se brisent, nettoient les bobines ou se faufilent sous les machines pour récupérer les déchets. Les débourreurs tiennent en l'air, à bras tendu, les planches d'un tambour, et de l'autre main en nettoyent la carde ; les aiguiseurs s'occupent d'affiiner leurs pointes. Dans un autre coin de l'atelier, à la fin de la chaîne, on remarque des femmes en train d'empaqueter. Cette scène bruyante n'est autre que celle d'une première étape, celle du filage. Essentiellement, on y ouvre le coton à la main, l'épluche, le bat. Présenté par la suite aux machines, le coton est filé par une suite de procédés, passant de mains en mains, de machines en machines. Le coton devient alors duvet, ouate, ruban puis fil égal et solide, d'une certaine finesse mentionnée par un numéro après l'avoir empaqueté.
Dans l'atelier de tissage meublé de métiers, on convertit les fils en toiles. Les enfants, là encore, se faufilent sous les appareils pour ramasser ou rattacher les fils rompus.
Dans l'atelier d'impression d'indiennes, on voit des hommes assis gravant les planches en bois ou les rouleaux métalliques. Des picoteuses, toujours des femmes, s'affairent autour, garnissent les planches en bois. Dans un autre espace, lumineux, spacieux et surchauffé, se trouvent les imprimeurs, des hommes et des femmes travaillant chacun devant leur établi, debout et entourés respectivement d'un enfant pour les aider aux moindres tâches. Ils disposent les toiles lavées, blanchies, nettoyées, appliquant des mordants et imprimant sur les étoffes des figures diversement coloriées et, enfin, apprêtant les tissus afin d'être livrés au commerce. Des manœuvres circulent dans l'atelier, des jeunes filles, couturières et nopeuses, occupées à enlever les nœuds à la surface des tissus, des apprêteurs chargés de donner les derniers apprêts pour faire ressortir la qualité attendue des acheteurs. Et encore, d'autres ouvriers s'occupent de laver, teindre, porter à l'étuve et au séchoir, étendre sur les prés. Pour achever essentiellement ce tableau, on trouve aussi des ouvriers qui réparent les machines ou métiers : des forgerons, des serruriers, des charpentiers, des menuisiers, des tourneurs sur bois et sur métaux, des ajusteurs, des monteurs de métiers, etc.
Indifféremment, des hommes, beaucoup de femmes et d'enfants travaillent dans cette large entreprise. Pour une même tâche et un même nombre d'heures, les femmes ont un salaire plus bas que celui des hommes. Celui des enfants plus encore que celui des femmes. Celui des filles plus encore que celui des garçons. En ce temps où les employés n'ont pas de protection juridique, les conditions sont selon l'humeur des employeurs.
Les journées peuvent être longues, environ douze heures, parfois allant jusqu'à quinze heures. Dans les vastes ateliers, la température augmente aisément au-dessus des vingt-cinq degrés, parfois plus encore. Défilent des ouvriers jambes et pieds nus, les femmes en léger jupon. La chaleur est pesante, la poussière omniprésente. On ne peut pas aérer, sans cela on soulève des nuages de coton ou encore on brise les fils. Reste le problème de l'humidité. Des problèmes pulmonaires en découlent : la phtisie cotonneuse, des cancers de l'eau, etc.
À la fin de la journée, après l'empaquetage, le nettoyage du métier à tisser, de l'établi ou autres ouvrages, les travailleurs se rendent à la cité ouvrière, un ensemble de maisons étroites collées les unes aux autres. Des bâtisses d'une pièce au rez-de-chaussée où la famille se retrouve pour les repas autour du poêle, d'une autre à l'étage qui fait office de chambre. Les sanitaires à l'extérieur sont à partager avec les autres logements. Au petit matin, l'ouvrier descend et avale un quignon de pain de seigle et une tasse de café à la chicorée. Le soir, le repas est essentiellement composé de pommes de terre. Environ un jour par semaine, on enrichit son assiette de navets, de choux ou de carottes, de viande de cheval, de lard ou d'abats, moins chers que la viande de bœuf. Les hommes se retrouvent dans les estaminets et cabarets en soirée et après la messe du dimanche. Une bonne part de l'argent s'y dissipe. Ils y fument, jouent aux cartes, à des jeux de hasard, retrouvent des interlocuteurs autour d'une bière. En fin de semaine, on accompagne parfois ces moments de courses de pigeons, de combats de coqs et de danses. Le cabaret reste le lieu de prédilection, et l'ivrognerie une réalité récurrente. La Belgique est connue au-delà de ses frontières pour ses nombreuses auberges. L'alcool bon marché permet d'oublier les dures conditions de ces premiers temps de la prolétarisation durant laquelle aucune politique ne prend la mesure des besoins des travailleurs. S'il y a une protection, c'est du côté des employeurs qu'on la trouve. L'époque n'est encore qu'au suffrage censitaire(1), ceci jusqu'en 1893(2).
(1) Le vote est octroyé aux citoyens masculins de plus de vingt-cinq ans et dont le total des impôts directs dépasse un seuil, le cens électoral.
(2) En 1883, ce suffrage s'élargit encore timidement. Il permet désormais aux capacitaires, des hommes qui détiennent un diplôme ou exercent certaines fonctions à responsabilité, de voter. En 1893, tout citoyen masculin de plus de vingt-cinq ans détient une voix (les femmes sont encore exclues du corps électoral, il faudra attendre 1948 pour qu'elles aient les mêmes droits que les hommes). Ce suffrage universel tempéré par le vote plural privilégie encore la classe éduquée et argentée. En répondant à certains critères, certains citoyens, généralement des classes supérieures, peuvent obtenir jusqu'à deux voix supplémentaires.